22.5.06

CELEBRITY PARTY (1)

Aux anonymes qui n'existent pas ?

Asia Argento avec le collectif Electrochic au Slow Club
Aux platines, pour booster votre sélection, faites comme Asia Argento : écartez puis gonflez vos lèvres pour murmurer « Yeeeeaaaaahhh ! ! ! » (Collectif Electrochic au Slow Club)

8.5.06

LA FARCE DE L'OR



Exposition la force de l'art au Grand Palais

"Je cherche l'or du temps"
André Breton



Expo "La Force de l'art" = expo Villepin ?!?
En allusion à "l'expo Pompidou" en 1972 où, le jour du vernissage, les CRS matraquèrent généreusement les artistes venus protester sous une banderole au slogan éponyme, quelques interviews.
Le premier de Gérard Fromanger qui a refusé d'y figurer, puis parmi quelques autres des quinzes curateurs élus (zélés ?).
Le reste (?) dans Technikart N° 102.
*En attendant le bizzzness des "oeuvres" continue...*


Gérard Fromanger - artiste

Par téléphone :
"Bien qu'invité à l’exposition « La force de l’art » je n’y participerai pas. A mes yeux, c’est un truc en l’air, un coup d’épée dans l’eau, le fait du prince Villepin qui commande une exposition. De plus il y a une non-participation des artistes à son élaboration,on les met devant le fait accompli et ils n’ont qu’à suivre ( mis à part Xavier Veilhan qui n’est que l’exception qui confirme la règle). Je suis favorable à une Biennale, mais qui soit pérenne, réfléchie, pas un coup comme c’est ici le cas. Par rapport à l’exposition "72-72" - qu’avec les autres membres du Front des Arts Plastiques nous avions dénommé « expo Pompidou » - le contexte tant politique que social, même s’il y a des similitudes , n’est pas le même. A l’époque, dès qu’un élu voyait une œuvre d’art contemporain, il poussait de grands cris ! De plus nous étions un groupe d’artistes avec des réunions collectives, des prises de paroles, des échanges d’idées... Maintenant la société est devenu individualiste, cette décision ne concerne donc que moi, en mon nom propre"

Son communiqué :
"La pratique de la peinture est pour moi un langage de conviction.
L’art contemporain est un formidable espace de liberté. Il fait vivre l’idée que ce n’est jamais la fin du sens ni la fin de l’Histoire. La constante de ma recherche a toujours été dans la relation entre l’histoire de l’Art et l’Histoire en train de se faire.
Le drame de la scène artistique, en France ou ailleurs, n’est pas un vaudeville où « les attitudes prennent forme », prennent place, se taisent et n’ont aucune conséquence. La scène artistique n’est pas séparée du théâtre du monde.
Je remercie vivement les deux jeunes commissaires Stéphanie Moisdon et Olivier Zahm de m’avoir invité à l’exposition « la force de l ‘art ». Mais je n’arrive pas à étouffer en moi un refus venu de loin.
Sont en cause la trop rapide mise en œuvre, le rapprochement « Expo-Villepin » / « Expo-Pompidou » de sinistre mémoire, le manque d’informations pour la bonne compréhension des intentions réelles ou cachées. Et pourtant j’aurais été heureux de participer à une nécessaire et trop absente exposition de la scène artistique Française.
Tout simplement, dans ma familiarité constante et toute personnelle avec « l’éternelle jeunesse du monde », l’histoire de l’histoire de l’art et l’histoire en train de se faire, je n’éprouve pas dans l’actualité brûlante en France, la nécessité d’aller danser sur le volcan."


Bernard Marcadé - curateur / critique d’art

Interview :
Quelle place occupe actuellement l‚art contemporain français ?
Beaucoup plus importante que les esprits chagrins (souvent non informés) voudraient nous le faire croire...

Quel est la motivation de votre participation ?
Le challenge de concevoir une exposition offensive dans un contexte idéologique et politique embrouillé.

Quels ont été vos critères de sélection ?
Il s’agit avant tout pour moi de faire une exposition avec la complicité des artistes. Je ne tiens pas à être jugé sur la liste des artistes choisis mais sur la qualité de ma contribution. J’ai accepté la proposition en connaissant d’avance les contraintes (spatiales, économiques et même artistiques) de cette exposition et j’en ai tenu compte pour concevoir ma contribution.

Le nombre élevé d'intervenants ne risque t-il pas de diluer le propos et le contenu ?
C’est sans doute la difficulté majeure de ce projet, mais nous n’avons pas d’autre choix que de transformer cette difficulté en atout. C’est en tout cas cette difficulté qui a présidé au dispositif délibérément « forain » de mon espace d’exposition

Que pensez vous de la faible proportion de femmes et de la quasi absence d‚artistes parmi le comité de réflexion et les commissaires ?
Regrettable… Mais ne préjugez pas trop à la simple lecture des listes qui circulent, vous risquez d’avoir des surprises à l’ouverture de l’exposition…

Certains utilisent l‚expression « expo Villepin » en allusion à « l'expo Pompidou »...
Je ne crois pas que les goûts artistiques de Monsieur Villepin soient particulièrement présents dans cette exposition, ce qui la distingue, à mes yeux, de l’ « expo Pompidou » de 1972. Je ne connais pas beaucoup d’artistes qui ont refusé d’exposer… Les artistes ont accepté, en ce qui me concerne, de participer à une exposition organisée par B.M. Par ailleurs, les situations et les conditions de ce type d’expositions ne sont jamais « pures », elles ont toujours quelque chose à faire avec l’argent, le pouvoir, etc… Cela dit, à aucun moment, je ne me suis jamais senti l’otage d’une quelconque politique culturelle…


Paul Ardenne - curateur / historien de l’art

Interview :
Quelle place occupe actuellement l’art contemporain français sur la scène internationale ?
Quasi inexistante, mais injustement. Les artistes français ne méritent pas ce dédain. Il est vrai qu’ils sont mal servis. Peu représentés sur le marché international, et « soutenus » par une critique pour l’essentiel impotente au niveau international (francocentrisme clanique de la critique d’art). Je passe mon temps dans les avions, depuis des années, à sillonner le monde. Sauf à Venise, Londres ou Berlin, où l’on se rend comme aux eaux au 19ème siècle, en meute, je ne vois jamais aucun Français dans les biennales d’art ou autres grands événements de type symposium international. Plus ce penchant invétéré des artistes : chercher la résidence à l’étranger… mais dans une structure française à l’étranger. Pas vraiment internationaliste…

Quel est le but de votre participation ?
Faire valoir l’intérêt de certaines propositions artistiques françaises. Pas de musée imaginaire, pas d’inventaire non plus, faute de place. Je me suis contenu à un aspect selon moi intéressant de la création artistique hexagonale (mais pas seulement hexagonale d’ailleurs), que j’ai illustré au moyen de quelques œuvres.

Quelles ont été les conditions et les contraintes de présentation ?
Calamiteuses. Au départ, promesse de 700 m² de surface d’exposition, puis 425, puis 288, enfin (après quelques tensions), 325 m². Tout s’est décidé trop vite, le nombre de commissaires, l’espace imparti à chacun, visiblement. La DAP, de plus, ne maîtrise pas le Grand Palais, qui est un espace difficile : classement, contraintes draconiennes de sécurité, problème de l’éclairage, etc...

Le nombre élevé d’intervenants ne risque t-il pas de diluer le propos et le contenu de l’exposition ?
Si le propos est dilué (et il le sera), c’est très bien, de mon point de vue. L’art contemporain n’est plus soluble dans une thématique unique ou « forte ». Temps de l’esthétique en transfert permanent, de l’échantillonnage généralisé, de l’intermédia, de l’accomplissement démocratique de l’expression artistique. L’effet « bordel » de l’exposition, prévisible, est à l’image de l’art actuel : polymorphe, brownien, irréductible à un plus petit commun dénominateur. Tant mieux.

Que pensez vous de la faible proportion de femmes et de la quasi absence d’artistes parmi le comité de réflexion et les commissaires ?
Je vous rappelle qu’après Jean-Louis Froment, le premier à qui l’on a proposé de « curater » l’exposition, et qui à décliné l’offre, c’est Catherine Millet qui a été sollicitée – Catherine Millet qui est un des piliers du comité de pilotage de l’opération. Et que l’on compte Anne Tronche, Nathalie Ergino, Catherine de Smet et Stéphanie Moisdon parmi les commissaires : des personnalités de qualité. Je ne suis ni pour la parité systématique, ni pour les quotas. Les femmes occupent aujourd’hui dans la critique ou le curating une place décisive, respectable par la qualité d’observation et de travail quoique trop discrète, en effet. Je songe là, entre autres, à Hélène Chouteau, Evelyne Jouanneau, Florence Derieux, Claire Le Restif, Caroline Bourgeois, Jackie-Ruth Meyer. Accroître la représentation féminine n’aurait pu être qu’une bonne chose, à cet égard.
Quant au fait qu’il n’y ait pas d’artistes dans le comité de pilotage ou parmi les commissaires (à l’exception de Xavier Veilhan), telle est la règle, hélas ! Les expositions d’artistes, que je sache, sont aussi passionnantes que celles des commissaires non-artistes patentés. En font foi le travail de Jean-Marc Bustamante au Printemps de Septembre de Toulouse, ou encore l’exposition Affinités, l’été dernier, à la saline royale d’Arc-et-Senans, en Franche-Comté. En l’occurrence, vous mettez le doigt sur un problème crucial. Vous le savez : les artistes, la modernité durant, ont peu à peu été dépossédés du contrôle de l’exposition, au bénéfice de la critique d’art institutionnelle. L’industrie culturelle accentue ce leadership, au détriment des artistes. Le peu de représentativité de ces derniers, s’agissant de l’exposition du Grand Palais, s’inscrit dans une continuité malheureuse, aujourd’hui difficile à contrecarrer.

Quels différences ou similitudes constatez-vous par rapport à d'autres manifestations nationales et officielles organisées dans d'autre pays (Tate Triennal, Greater New York, Biennale du Whitney Museum...) ?
La différence principale réside dans la diversité, du fait de la multiplicité des commissariats. Encore, dans la plus grande indifférence aux contraintes ou aux influences du marché. Pour avoir vu les événements que vous citez, et pour certains d’entre eux à plusieurs reprises, je peux vous garantir que les critères de sélection n’y sont pas forcément équitables. Les trois dernières biennales du Whitney, que j’ai eu l’occasion de voir (et d’autres avant celles-ci), me semblent ainsi plutôt sujettes à caution, la dernière d’entre elles de même malgré son commissariat non-américain. On y sent très fortement l’odeur du marché, les copinages, l’effet mainstream. Il est dommage à cet égard que l’estampille « U.S. » accrédite immédiatement la proposition, et rende la critique d’art le plus souvent servile.

Un comité uniquement franco-français (contrairement par exemple à la Tate Triennal avec la suisse Beatrix Ruf) risque t’il de délégitimer l’événement à l’étranger ?
L’exposition du Grand Palais n’a de toute façon aucun avenir international : c’est une opération d’inventaire et d’auto-reconnaissance (légitime d’ailleurs). Ce n’est pas en faisant venir à Paris quelques responsables d’institutions étrangères que l’on changera la donne. Cruel paradoxe : après cette exposition, les artistes français ont toutes les chances de vivre encore plus mal leur ostracisme. Parce qu’alors la preuve aura été faite qu’ils n’ont pas à rougir de la qualité de leur travail, quoi que celui-ci échappe aux circuits de la reconnaissance internationale.

Certains utilisent l’expression « expo Villepin » en allusion à « l‘expo Pompidou » (72-72)...
Certains artistes se retirent de l’opération, et je ne m’interdis pas moi-même de me retirer le cas échéant (notamment en cas de problème lourd lié à la contestation anti-CPE). Quand Bernard Blistène, de la DAP, m’a proposé en décembre dernier un commissariat pour cette exposition, j’avoue n’avoir pensé qu’aux artistes, et surtout pas à moi-même (mon travail ordinaire consiste à écrire des livres, j’ai fait très peu d’expositions par le passé, cela ne m’intéresse guère et en vérité, je ne suis pas très doué pour ça). En tant que professeur d’université, j’ai demandé très tôt le retrait du CPE, auquel je n’adhère pas en termes de conviction sociale. En tant que citoyen, j’ai participé aux cinq grandes journées d’action de mobilisation contre le CPE, en manifestant avec des millions d’entre mes compatriotes. Je trouve à présent très dérangeant d’être associé à ce qui risque en effet de devenir l’« expo Villepin ». Je ne le vis pas très bien, pour tout dire. Certes, être un des commissaires de La force de l’art (quel titre stupide !), ce n’est pas exactement comme participer à l’exposition de l’Art dégénéré, et Villepin n’est pas Hitler. Mais il n’empêche : je me sens à présent le « collabo » d’une ligne sociopolitique qui s’est mise à dos une très large part du pays et de sa jeunesse et cela me déplaît, même s’il faut se méfier des amalgames (en l’occurrence, faut-il le rappeler, on expose des œuvres d’art mais pas la « politique » à proprement parler de Villepin). Wait and see.


Eric Troncy - curateur / co-directeur du Centre d’art "Le Consortium - Dijon" & critique d’art

Interview :
Quelle place occupe actuellement l’art contemporain français sur la scène internationale ?

Evidemment cette question mérite plus qu’une réponse rapide. de quoi parle t’on ? Si on veut envisager la reconnaissance de la qualité du travail des artistes français sur la scène internationale, elle ne fait pas de doute (cf : la France gagne souvent des prix à la biennale de Venise par exemple). Si l’on veut parler des prix de vente des artistes français, il est clair que les dispositions fiscales et l’état d’esprit des galeries françaises n’aide pas vraiment à leur triomphe. Encore que, par exemple, les œuvres de Pierre Huyghe se vendent très vite et très cher. Mais il y a en France beaucoup de très grands collectionneurs, dont les collections n’ont rien à envier à celles de leurs homologues européens.
En revanche, la propension à la critique préliminaire, à l’auto-flagellation et au dénigrement a priori est un sport très français. En particulier dans les medias. Les magazines culturels français, les quotidiens français à haute prétention intellectuelles se comportent souvent comme les tabloïds anglais.

Quel est la motivation de votre participation ?
Drôle de question à poser à un commissaire d’expositions de 40 ans qui vit en province (et dont vous, par exemple, ne venez jamais voir les expositions) : l’opportunité de faire une exposition à Paris, sous la coupole du Grand Palais, dans une absolue liberté, ne vous paraît-elle pas être en soi une proposition extraordinaire ?

Quels artistes avez-vous choisis ? Quels ont été vos critères de sélection ?
Des artistes dont j’aime le travail, que j’ai tous déjà exposés dans le cadre d’expositions monographiques ou collectives, ou sur le travail de qui j’ai déjà écrit, que ce soit pour des catalogues monographiques (Pierre & Gilles, Bruno Serralongue, Philippe Parreno, Ange Leccia, Bertrand Lavier, Didier Marcel, Jan Pei-Ming, Gloria Friedman) ou dans des magazines ou revues d’art.

Quelles sont les conditions et les contraintes de présentation ? Comment s’est opérée la répartition entre les curateurs ?
Les conditions et contraintes de présentation sont exactement les mêmes que celles qui s’appliquent aux musées, ce sont essentiellement des contraintes de sécurité. Ni plus ni moins les mêmes que celles en vigueur au Centre Georges Pompidou ou au musée d’Art moderne de la ville de Paris, et un peu plus souple que celles qui s’appliquent à la présentation des œuvres d’art dans l’espace public urbain.
Quant à la « répartition », je ne vois pas de quoi vous voulez parler. Chacun a conçu librement une exposition, il n’y avait donc rien à répartir. Comme il n’a jamais été question de dresser un panorama, et encore moins qu’il soit exhaustif, il n’y a pas eu quoi que ce soit à « répartir ».

La rapidité dans laquelle a été décidée et montée cette exposition a t-elle eu une influence sur vos choix ?
Six mois pour penser une exposition sur 400m2, c’est loin d’être peu. Tous les vrais commissaires d’exposition ont des dizaines de projets d’expositions dans leurs cartons, qu’ils n’attendent qu’une opportunité pour réaliser. Par ailleurs, j’ai rarement eu à ma disposition des services aussi performants que ceux de la RMN ou de la DAP pour organiser à ma place le travail fastidieux des demandes de prêts, des transports, etc.
Lorsque j’ai été commissaire de la biennale de Lyon avec le Consortium, nous avons eu à peine une année pour concevoir une exposition sur 6000 m2, dans quatre lieux disséminés dans la ville, dont un bâtiment qui n’existait pas encore (La Sucrière) et qu’il a aussi fallu penser dans cette période.

Le nombre élevé d’intervenants ne risque t-il pas de diluer le propos et le contenu en lieu et place d’une thématique forte ?
Imaginez-vous qu’un ensemble significatif d’artistes, français ou non, aient apprécié d’être regroupés sous une « thématique » ? Cela n’aurait-il pas eu pour conséquence d’instrumentaliser les œuvres d’art au profit d’une vision unique ? Pouvez-vous, par hasard, citer une « thématique » propre à rassembler un nombre conséquent d’artistes, français ou non, et qui rendrait compte d’une certaine forme de diversité qui s’exerce justement dans le champ de l’art plus que dans tout autre (celui de la musique, du cinéma, de la littérature) sans se replier sur des questions de médium ? Vous citez ailleurs la Tate Triennal, pensez-vous que cette exposition (au demeurant modeste) ait une « thématique » ? L’avez-vous visitée, d’ailleurs ?

Que pensez vous de la faible proportion de femmes et de la quasi absence d’artistes parmi le comité de réflexion et les commissaires ?
Vous oubliez les noirs. Il n’y a pas non plus de noirs, pour ce que j’en sais. Plus sérieusement, vous observerez que la plupart des institutions parisiennes sont dirigées par des femmes (Suzanne Pagé, Béatrice Parent, Laurence Bossé, Angeline Scherf au musée d’Art moderne de la ville de Paris ; Catherine Grenier, Christine Macel, Christine van Asche au centre Georges Pompidou, Caroline Bourgeois au Plateau, …). Elles ont donc déjà tout loisir de s’intéresser à la présentation de la création française à Paris.

Quels différences ou similitudes constatez-vous par rapport à d'autres manifestations nationales organisées dans d'autre pays (Tate Triennal, Greater Newyork, Biennale du Whitney Museum...) ?
Le principe d’une manifestation récurrente consacrée (au sens large) aux artistes d’un pays est en effet chose courante, en particulier pour ce qui est des exemples que vous citez. Exemples qui ont déjà une certaine ancienneté, et ont eu le loisir (et l’obligation) d’évoluer. En revanche, le principe d’une « exposition d’expositions » me semble assez inédit, et ne me semble pas en décalage avec des questions plus qu’actuelles sur la scène internationale : qu’est-ce qu’une exposition ? par exemple.

Comment peut-être percu un comité de sélection uniquement franco-français à l’étranger ?
Il faudrait le demander aux étrangers. Ceux avec qui j’ai eu l’occasion de discuter ne se posent pas le moins du monde ces questions, et sont plutôt curieux de voir une manifestation qui rassemble quinze expositions sous la coupole du Grand Palais : ils sont un peu impressionnés par le lieu. Par ailleurs, croyez-vous que, à l’exception de l’édition de cette année, la biennale du Whitney ait souvent été confiée à un nord-américain ?

Certains utilisent l’expression « expo Villepin » en allusion à « l‘expo Pompidou » (72-72). Comment percevez-vous les artistes qui refusent de participer ? Est-il possible de participer à un événement «officiel » sans s’exposer à cautionner même tacitement une politique culturelle ?
Je ne pense pas que les artistes, qui semblent très intéressés par cette exposition, se soucient toujours autant de la présentation de leurs œuvres par les FRACs ou le FNAC auxquels, d’ailleurs, ils sont assez heureux de vendre leurs œuvres. Quand à l’exposition de 1972 , elle avait lieu dans un contexte ou les relations consenties entre les artistes et les financements publics (car leurs œuvres aujourd’hui sont souvent produites, et achetées par l’Etat) étaient nettement moins avérées qu’aujourd’hui.
Cautionner une politique culturelle ? Pas plus que lorsqu’un artiste vend une œuvre au FRAC Poitou Charentes par exemple, dont la Présidente aujourd’hui (Segolene Royale) nourrit la plus grande haine pour l’art de son époque. je vous renvoie à son projet de délocalisation du FRAC dans les locaux du « chèvroscope ».

Quelle influence escomptez-vous par cet événement, tant au niveau national (popularisation de l’art contemporain) qu’international (rayonnement envers les collectionneurs & grandes institutions) ?
C'est TF1 qui est populaire. Je ne souhaite pas cela à l’art de mon époque, pas plus qu’appliquer la logique de l’audimat au travail des artistes. Par ailleurs, j’ai trop de respect pour les collectionneurs et les grandes institutions pour penser qu’ils décident de leurs acquisitions en fonction de ce qui est montré dans telle ou telle exposition. Savez-vous que certains collectionneurs ont simplement un goût qui est le leur, et que les conservateurs de musées aussi (qui s’ajoute à un certain sens de la responsabilité historique qui se joue des effets médiatiques) ?



Hou Hanru / curateur / commissaire d’exposition indépendant

Retranscription approximative (!) d'une conversation téléphonique :
"L’art n’est pas une chose prédéfinie, je suis ouvert à toutes les possiblités de continuer à redéfinir, à reconstruire les notions de l’art, en fonction de son rapport avec la réalité. On peut faire beaucoup d’expériences surtout dans le contexte actuelle. Des gens se demandent pourquoi l’art francais n’est pas présent internationalement. Je pense que c’est un peu comme la société française : on fait face à une crise qui n’est pas seulement économique ou politique mais aussi psychologique et sociale. Il y a une difficulté à affronter cette nouvelle réalité d’un monde qui est en train de se globaliser, la structure politique et économique est dans une position exceptionnelle. Inconsciemment il y a cette obsession par rapport à l’exception française, culturelle, politique, sociale : pour se conforter, souvent on s’enferme dans une espèce d’assurance de ce que l’on fait, on reste très souvent dans « l’art pour l’art ». Les questions sociales culturelles ou politiques sont assez souvent exclus ou déformés, dans la perception de l’art, dans l’éducation, dans les médias, dans la reconnaissance des œuvres ou des projets artistiques. Cà ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’artistes intéressés par çelà, mais tout simplement je crois que le système dominant ne reconnaît pas suffisamment ce bien là. Pourtant dans le monde entier, dans beaucoup d’évènements internationaux, dans le contexte de globalisation actuel, ce genre de question sont centrales, essentielles,il y a une espèce de lacune, de décalage au niveau du dialogue : c’est pour ca qu’on se sent toujours un peu différents des autres. Pour moi, l’art ne vient pas d’une histoire de l’art formelle, c’est toujours une proposition qui vient de l'individu par rapport à sa société, à son existence dans la réalité. Dans mon projet j’essaye de chercher à réengager l’activité artistique dans une réalité sociale et culturelle. Le contexte actuel pourrait mettre mal à l’aise mais, au delà du cadre défini, il y a toujours en tant qu’individu une possibilité à exploiter, pour s’exprimer, pour donner un espace à des idées différentes loin de ce qui est attendu. Cette exposition a certes une allure étatique (que ce soit Pompidou, Villepin, Sarkozy ou n’importe qui) mais on peut utiliser cette plateforme comme mobilisation des moyens à s’exprimer pour contredire et déconstruire ce genre de logique. C’est pour cela que mon projet est dans l’ordre de l’expérience, « un laboratoire » qui refuse d’être figé comme un symbole ou un signe dans un système institutionnel - mais plutôt comme une négociation ou un processus de déconstruction. Cela va aboutir vers un incertitude, c’est pour cela que je l’appelle « avenir incertain », essayer au contraire de transformer un événement attendu : comme pour la bouteille avec le génie dedans. Une fois qu’on l’a ouverte, on ne peux plus la refermer..."


L'exposition ouvre demain : work in progress ?